Municipales 9 et 16 mars 2008

, le 22 février 2008

CASTELNAU-D'AUZAN. --Le vaste projet immobilier destiné à de riches Européens du Nord tiendra une large place dans la campagne électorale des municipales, qui verra trois listes se disputer la mairie.

Le Castel va bientôt tester son sex-appeal. Savoir, enfin, s'il est plutôt désiré ou mal- aimé de la population auzanaise. Le programme immobilier de plusieurs centaines de logements, destiné à de riches ressortissants d'Europe du Nord, sera indubitablement au c?ur de la très imminente campagne municipale à Castelnau d'Auzan. Le maire en convient : ce sera un référendum pour ou contre son projet, pour ou contre sa « tête ». Si Philippe Beyries est élu pour un second mandat, le Castel se sent pousser des ailes. Si l'édile sort la tête basse, son « bébé » bat tout simplement de l'aile.
Ce choix se veut volontairement simpliste. Dans l'isoloir, les 860 électeurs auzanais bénéficieront en fait de trois options : la pro-Castel, la contre et l'alternative. Trois listes briguent, en effet, la mairie : celle de Philipe Beyries, une autre constituée de plusieurs opposants et la dernière venue, incomplète et conduite par Alain Tichané, qualifiée de « troisième voie ». Chaude campagne en perspective?

Pas de polémique. À quelques jours des élections, Philippe Beyries n'est pas franchement serein. Il avait voté contre un référendum communal. Le temps est finalement venu? Dès qu'il évoque « Le Castel », ses yeux, pourtant, s'illuminent. Dans son bureau, non loin du buste de Marianne, il a affiché un poster du Programme d'aménagement d'ensemble (PAE) sur lequel est représenté, en pointillés noirs, le cadastre du projet. Il en est fier. Le complexe devrait accueillir, dans un premier temps, 250 maisons, 70 appartements et un imposant bâtiment central, le tout sur 53 000 m2. Une deuxième phase de travaux développerait cette résidence ouverte sur 80 000 m². Britanniques, Hollandais et Scandinaves y habiteraient à l'année.
Le maire parle d'une « formidable opportunité » pour la commune, de « 150 emplois créés », mais le répète : « Je me présente sur un bilan et un programme dont le Castel fait seulement partie. » Le jour du scrutin approchant, il ne souhaite pas mettre de l'huile sur le feu, appuyer la polémique. Ce n'est vraiment pas le temps de réveiller une blessure qui n'a jamais vraiment cicatrisée.

« Castel No » Jugé « pharaonique » par ses détracteurs, une aubaine pour d'autres, le plan immobilier divise les habitants. Castelnau-d'Auzan porte toujours les stigmates de son déchirement. Ici, une inscription : « Castel No ». Là, le souvenir d'une autre : « Non au camp retranché, restons auzanais. »
Le Comité de défense, comptant aujourd'hui 200 membres dont une grande majorité d'habitants de la cité, se bat contre « le manque de clarté et les errements » du projet depuis près de deux ans. Les détracteurs, qui ont dépensé près de 13 000 euros en frais d'avocats, ont déjà obtenu quelques succès gratifiants, à l'image de la suspension de la carte communale au tribunal administratif de Pau (64), au printemps dernier. Le Conseil d'État doit justement se réunir aujourd'hui à ce sujet (lire par ailleurs).
Sylvie Louge, membre du collectif, est également inscrite sur la liste d'opposition Pour que vive Castelnau d'Auzan, dont la tête n'a pas encore été désignée. La jeune femme, très active, souhaite marquer la différence entre ces deux entités. « Le Castel tiendra une place dans la campagne, concède-t-elle. Pour autant, on ne fait pas seulement une liste contre lui. Notre objectif est simplement de donner de la vigueur à notre petit village gascon. » Entre les lignes de son discours, une pointe d'Astérix contre les Romains, de ces irréductibles souhaitant se prémunir d'une arrivée envahissante.
Bernard Beoustes, lui, part en croisade contre son ancien patron. L'ancien premier adjoint, démissionnaire fin 2006, figurera en bonne position sur la liste Tichané face à Philippe Beyries. « Je ne cautionnais pas son comportement, voilà pourquoi je suis parti, explique-t-il. Maintenant, il faut sauver le village contre sa politique de l'homme seul. Et puis, le projet ne me fait pas peur, mais la commune doit tenir les rênes. Pas le promoteur. »

Un audit ? Dans son programme, la troisième liste, qui ne porte pas encore de nom, doit notamment proposer un audit du projet afin « d'étudier ses aspects écologique, économique et financier ». Alain Tichané, président du Syndicat d'initiative, souhaite aussi mieux communiquer sur le sujet : « Aujourd'hui, l'ambiance dans le village n'est pas bonne. Il s'est créé un groupe d'opposants vraiment coriace. On a vu des panneaux et des peintures fleurir un peu partout. C'est un petit peu ridicule. En même temps, peu de monde connaît la véritable teneur du Castel. Nous, on veut une transparence totale. »
Du côté de l'entreprise hollandaise, Pro Capital, à l'origine du projet, l'impatience est évidemment de mise. Elle, qui a dépensé près de deux millions d'euros pour s'offrir les terrains en décembre et janvier dernier, doit désormais attendre le permis de construire. Les premiers coups de pelleteuse pourraient intervenir en fin d'année 2008. « En septembre ou octobre en étant réaliste », selon Jean-Luc Couerbe, le manager.
Finalement, le projet pourrait bien se concrétiser quoique le scrutin décide. Il pourrait même se réaliser sans Philippe Beyries. Son initiateur et plus ardent défenseur.

Jean-Charles Galiacy

 

- mis à jour le 22.02.2008. - Municipales 2008 - plan du site - On en parle 2008 -