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LA FLAMME NE DOIT PAS FAIBLIR |
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Né à Réans, passionné d'Armagnac, Yvan SAINT-
MARTIN parle avec tendresse de son métier de bouilleur ambulant.
Mon grand-père Joseph, petit agriculteur, a commencé le
métier de bouilleur ambulant en 1905. Mon père et moi avons
pris la relève. Un bouilleur, c'est un distillateur ambulant d'eau
de vie, bouilleur parce que l'on fait bouillir le vin aussi bien pour
le cognac, que pour l'armagnac.
Mon grand-père avait un petit alambic, il produisait une pièce
d' Armagnac par jour soit 400 litres. Il se déplaçait avec
un cheval, s'arrêtait sous la halle : c'était l'atelier public.
Nous avons toujours les mêmes clients qu'autrefois, niais de quatre-vingts
propriétés nous sommes passés à une quarantaine
parce que certains ont disparu ou ont adhéré à une
cave. Avec les autres bouilleurs "toujours collègues, jamais
concurrents„ on ne se serait jamais pris un client. On travaillait
des vendanges jusqu'à fin avril.
Maintenant ça dure trois petits mois. On allume le matin en arrivant
sur place, le bois a été préparé par le client,
l'alambic ne s'arrête pas, jour et nuit. La flamme ne doit pas faiblir.
La chauffe est constatée par le toucher avec la main. Il faut être
très vigilant. C'est très contrôlé par les
douanes. Les taxes et la paperasse sont importantes. C'est un métier
saisonnier, complémentaire. La satisfaction reste le travail bien
fait. Il faut entretenir la relation,
on dort sur place, on mange chez le propriétaire. Comme au temps
du grand- père, on connaît tous les secrets de la maison,
on vit dans la bonne humeur.
Pour moi, je pars en vacances, c'est une passion qu'on ne perd jamais.
On fait la fête à l'alambic, toujours bien accompagné.
Aujourd'hui mon fils Marc a pris la relève, quatrième génération
!
Propos recueillis par Jacqueline DURAND-DARDENNE |